Médias - 10 février 2025
Une boussole pour aborder votre reporting extra-financier!
La réalisation d’un rapport extra-financier volontaire ou obligatoire est souvent complexe. Bien souvent, il est difficile de savoir par où commencer. Se baser sur les bonnes pratiques et respecter les étapes clés permet de garantir un projet réussi.
Dans un environnement économique où la transparence s’impose, le rapport extra-financier s’affirme comme un outil stratégique pour les entreprises.
Le reporting extra-financier, qu’il soit volontaire ou encadré comme dans le cas de la CSRD européenne (Corporate Sustainability Reporting Directive), n’est pas une simple et fastidieuse compilation de données. Il permet à la fois une prise de recul sur les activités de l’entreprise et il est le reflet des choix stratégiques qui sous-tendent sa démarche RSE. Sa réalisation permet de démontrer une gouvernance responsable et une performance ESG alignée avec les attentes des investisseurs, clients et collaborateurs.
Aussi, entre obligations réglementaires et opportunités de différenciation, sa rédaction exige méthode et vision claire des enjeux.
Une obligation structurante et un levier de compétitivité
Le cadre réglementaire européen impose une standardisation croissante, en particulier avec les European Sustainability Reporting Standards (ESRS) qui redéfinissent les attentes de reporting à l’échelle européenne; cadre auquel les sociétés suisses concernées seront également soumises. Cependant, au-delà de la conformité, le rapport extra-financier représente un outil de pilotage de la transformation durable. Il permet de:
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Valoriser les initiatives ESG pour attirer les investisseurs.
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Renforcer la confiance des parties prenantes grâce à une transparence accrue.
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Anticiper les risques extra-financiers, notamment en matière de réglementation, de réputation et de chaîne d’approvisionnement.
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Permettre la comparabilité entre pairs, et c’est là toute l’ambition de la CSRD qui vise à pouvoir évaluer les avancées ESG entre entreprises concurrentes, favorisant ainsi la transformation durable des différentes filières économiques.
Les décideurs doivent donc aborder ce document comme une opportunité de structurer, démontrer et communiquer leurs engagements à long terme, tout en intégrant une dimension d’amélioration continue.
Je vous propose donc de passer en revue pas à pas, les étapes à ne pas négliger.
1- Structurez le processus: gouvernance et priorisation des enjeux ESG
Mise en place une gouvernance dédiée
La réussite d’un rapport extra-financier repose sur une organisation claire dès les premières étapes:
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Impliquez la Direction générale en tant que sponsor stratégique pour légitimer le projet et allouer les ressources nécessaires.
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Constituez une équipe pluridisciplinaire regroupant RH, finances, voire contrôle et risques (si existant dans votre organisation), opérations et communication, pilotée par un chef de projet ayant une vision globale des enjeux.
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Engagez des experts en durabilité, internes et externes, pour garantir l’alignement avec les normes en vigueur.
Identification des priorités ESG
Une analyse approfondie des enjeux est indispensable pour orienter le contenu et les actions à valoriser:
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Établissez votre chaîne de valeur le plus finement possible. Il est indispensable de connaître l’ensemble de vos sous-traitants et les risques qui y sont liés.
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Cartographiez vos parties prenantes et organisez un dialogue avec celles-ci, internes et externes, pour comprendre leurs attentes spécifiques.
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Appuyez-vous sur des outils collaboratifs (ateliers, interviews, autres outils) pour identifier vos impacts, vos risques et opportunités (IRO).
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Produisez votre matrice de double matérialité, en croisant les impacts financiers et extra-financiers les plus impactants pour votre activité. Cette démarche est incontournable pour répondre aux exigences de la CSRD.
2- Collectez les données : fiabilité et pertinence au cœur du processus
Analyse d’écart, socle de la collecte des données
Cette analyse permet de dresser l’écart entre l’état des lieux des données recueillies et la situation cible et ses corollaires en termes de compétences, processus, réglementation, performances, etc. Cette analyse doit donc donner lieu à des mesures correctives dans la collecte des données pour satisfaire aux exigences réglementaires de la CSRD.
Collecte de données quantitatives et qualitatives
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Générez une liste complète des points de données en se conformant aux ESRS.
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Collectez les données tout en garantissant leur exactitude à l’aide de contrôle de cohérence.
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À défaut de pouvoir collecter les données, identifiez les écarts et faites constater ces données par des auditeurs externes.
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Agrégez vos données pour retravailler les données brutes et produisez des indicateurs pertinents tout en considérant également les différents pays, filiales ou zones géographiques.
Le choix des indicateurs quantitatifs et qualitatifs doit refléter les impacts concrets et les performances ESG. Parmi les incontournables:
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Environnement: Bilan carbone (scope 1, 2, et 3), gestion des ressources (consommation d’énergie et mix énergétique, consommation d’eau), impact environnemental (émission de polluants, production de déchets, impact sur la biodiversité), entre autres.
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Social: Information sur les employés (effectifs, temps de travail, salaires et développement des compétences, dialogue social, santé et sécurité, égalité de genre, diversité et inclusion, ainsi que le respect des droits humains dans l’ensemble de la chaîne de valeur de l’entreprise).
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Gouvernance: Lutte contre la corruption, transparence des pratiques, conformité réglementaire.
Utilisation d’outils et progiciels performants
La collecte de données constitue une étape stratégique et nécessite des outils adaptés, qu’il s’agisse de solutions sur-mesure intégrées aux systèmes ERP existants ou d’outils spécialisés CSRD, souvent plus rapides à déployer, et offrant un appui à la gestion du projet de mise en conformité.
Pour répondre aux standards, les données doivent quoi qu’il en soit être consolidées, contextualisées et validées par des parties prenantes internes.
3- Publiez le rapport: rendre accessible à tous les engagements de l’entreprise
Au-delà de la compilation des données quantitatives et mêmes qualitatives qui sont exigées dans le rapport CSRD européen à déposer sur la plateforme ESAP (European Single Access Point), le rapport extra-financier dans sa version «communicante» doit incarner une cohérence entre la vision stratégique de l’entreprise et les résultats obtenus.
Structuration et rédaction avec un récit clair et engageant
Un rapport efficace ne se contente pas de juxtaposer des données. Il doit raconter l’histoire de la transformation durable de l’entreprise. Reconnaissez ouvertement vos défis et vos progrès. Une approche honnête renforce la crédibilité.
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Édito et pages stratégiques: introduire la vision et l’ambition de l’entreprise ainsi que les engagements prioritaires.
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Matrice de matérialité (simple ou double si entreprise soumise à la CSRD): expliciter le dialogue avec les parties prenantes et le processus d’identification des enjeux et IRO (impacts, risques et opportunités).
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Résultats et initiatives concrètes: illustrer les étapes d’avancements et les projets par des exemples tangibles (études de cas, témoignages) et présenter les KPI.
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Projection future: annoncer les axes d’amélioration et les objectifs à venir.
Choix d’une présentation attractive et lisible
La mise en page joue un rôle clé dans la valorisation du contenu:
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Intégrez des images de qualité qui reflètent la vie de l’entreprise et qui amènent une touche humaine.
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Créez des infographies, des schémas et des graphiques bien présentés qui facilitent la compréhension, captent l’attention et clarifient les informations.
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Produisez des formats interactifs (comme des résumés en vidéo ou des datavisualisations) ou en PDF avec des hyperliens qui renforcent l’engagement des lecteurs.
4-Validez, auditez et publiez avec l’objectif de créer de l’impact
Validation interne et audit externe
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Mettez en place une boucle de révision impliquant le Conseil d’administration, la Direction générale et les départements concernés. Prévoyez-là dans vos plannings bien en amont!
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Faites valider le rapport par des auditeurs externes pour garantir la fiabilité, la transparence et la conformité des données, avec un niveau d’assurance limitée dans un premier temps, qui peut évoluer vers une assurance raisonnable.
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Publiez votre rapport dans le format XBRL pour permettre la comparabilité.
Communication stratégique
La diffusion du rapport doit être pensée pour maximiser son impact:
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Interne: Présentez-le aux équipes et faites-en un outil de mobilisation collective.
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Externe: Publiez-le sur les canaux institutionnels, partagez des formats synthétiques sur les réseaux sociaux et engagez le dialogue avec les parties prenantes clés.
Une opportunité de transformation durable
Le rapport extra-financier est bien plus qu’un exercice de conformité. Il reflète l’ambition d’une entreprise à s’imposer comme un acteur engagé, transparent et responsable dans un monde en pleine mutation.
Pour les instances dirigeantes, ce document constitue une opportunité unique de piloter la transformation durable de leur organisation, tout en répondant aux attentes des parties prenantes et en se positionnant comme un leader de la transition.
Et si vous ne savez pas comment aborder ce sujet, faites-vous accompagner au vu des enjeux et de l’imposante charge de travail!
Tribune de Laurence De Cecco pour Bilan, publiée le 10 février 2025 que vous pouvez retrouver ici.
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